… Et bonjour la Turquie!

Entré en Turquie sous le soleil, un samedi en début d’après-midi, grâce à un routier turque avec la joue gauche grosse comme un ballon de hand-ball, je me restaure de quelques sandwich à l’ombre de pins et prends la direction de Gelibolu. Arrivé à hauteur de la station de bus quelques dizaines de mètres plus loin en cheminant le long du périphérique de Keshan, 4 jeunes s’avancent vers moi et avant d’avoir le temps de comprendre ce qu’il se passe je me retrouve dans le salon de de Burah, dégustant un thé dont seul les turques ont le secret, accompagné de pâtisseries confectionnées par la maman de ce dernier et de burek au fromage, eux, cuisinés par le père de l’un de ses amis. Tous ont étudié ensemble cette année à l’université et c’était la veille, la fin de l’année universitaire. Malgré leurs anglais incertain, l’atmosphère festive et la volonté de ces étudiants de rentrer en contact avec l’étranger que je suis, nous permettent de communiquer. Le maître des lieux n’hésite pas à plusieurs reprises à appeler des amis pour faire traducteur au téléphone. Tous m’incitent à manger encore en encore et bien qu’ayant déjeuné quelques minutes plus tôt je me fais un plaisir d’honorer leur proposition. Une heure plus tard et après m’avoir proposé de prendre un douche (je sens si mauvais que ça?), et m’avoir offert une casquette je décide de reprendre la route, espérant encore rallier Lesbos – île grecque où je dois retrouver ma maman – dans la journée. Après une photo – seul vestige matériel de cette rencontre éphémère – ils me raccompagnent tous jusqu’au périphérique situé à 100m du domicile de Burah, en me souhaitant un bon voyage.

Je continue 200m jusqu’à un feu tricolore où je compte réclamer une nouvelle fois l’amabilité des personnes équipées de ce précieux engins à 4 roues, ou plus. Je ne suis pas le seul à espérer la bonne grâce des automobilistes, en effet un vendeur de bretzel s’y trouve déjà. Une trentaine d’années maximum, son sourire édenté et jauni par la cigarette lui en font paraître dix de plus, il se déplace cependant sur la double voie avec l’agilité d’une gazelle dans la savane. Ni une, ni deux celui-ci me propose, ou plutôt m’impose, de venir m’asseoir à ses côtés ; je n’ai d’autre choix que de m’exécuter. Quand j’essaie de me lever pour aller à la rencontre des autos, il me dit, accompagnant son propos d’un geste énergique, de reposer mes fesses. Lui ne parle pas un mot d’anglais mais je finis par comprendre qu’il souhaite organiser mon transport. Avant que quiconque ne daigne m’embarquer pour Gelibolu, un routier le klaxonne, le vendeur s’approche, reçoit sa pièce mais sans pour autant se délester de son butin. Il revient vers moi, et me donne une pièce de son plateau, offerte par ce chauffeur bienveillant. Je ne saurai jamais si ce geste relève plus de la pitié de me voir avec mon gros sac à dos sous le cagnard ou d’un simple acte de gentillesse ?

C’est repus et encore entrain de déguster l’offrande que 5 minutes plus tard, Nebi et son ami Hellas me prennent à leur bord. Deux avocats débonnaires en fin de carrière. La moustache, le teint halé et le regard fier, ces deux là sont turques, il n’y a aucun doute. A mi route et alors qu’Hellas, en bon copilote, se bat avec le GPS, nous nous arrêtons pour manger un bout. Pas encore !!! Nebi parle un peu anglais et je lui fait comprendre explicitement que mon estomac ne peut plus accueillir quelque met que ce soit, aussi bon soit it. Lui ne l’entend pas de cette oreille et tiens à faire parler l’hospitalité et la générosité turque en me montrant, le sourire au bord des lèvres, que si je n’accepte pas, c’est en intraveineuse qu’il m’offriront à manger. J’arrive cependant, et avec la complicité du serveur, à refuser la nourriture qui s’offre encore à moi, et c’est un peu déçus que les deux avocats ne voient arriver, en accompagnement des trois thés, que deux assiettes. Son compère tenant cependant à ce que je goûte la pizza turque m’en donne une moitié. Il relèverait à ce moment de l’impolitesse de refuser et je me laisse donc convaincre. Sans regret. Nous arrivons une demi-heure plus tard à Gelibolu où je dois prendre un bateau pour franchir le détroit de Dardanelles. En plus de m’amener jusqu’au terminal, Nebi gare sa voiture pour me déposer et m’accompagne jusqu’au guichet où il m’achète le ticket. N’ayant pas encore de Lira dans mon portefeuille, je ne peux m’y opposer. Le billet en main et après un accolade paternaliste pleine de sincérité, nous nous séparons, voguant chacun vers notre destin.

C’est dans cette ambiance dans laquelle se mêlent hospitalité, générosité et gentillesse que se déroulent les trois premières heures de mon séjour turque. J’avais prévu de passer un mois au bas mot en terre eurasienne avant de rejoindre la Géorgie, pour le moment, le moins que l’on puisse dire, c’est que je ne vois pas de raison d’écourter le séjour.

19/06/2013

Pour marque-pages : permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *