Hostel Romantik

Effrayé par la conduite agressive des géorgiens c’est en train que je quitte Borjomi, direction Tbilissi. 120Km, 5 heures, 1 euro ! Si je ne devais gardé qu’une chose en tête de mon séjour dans la capitale géorgienne, cela serait indéniablement l’Hostel Romantik -– qui n’a absolument rien de romantique – mais qui m’a été hautement recommandé par des voyageurs rencontré à Batumi, 4,5€ la nuitée avec dîner et vin à volonté, ça mérite le détour . Un signe de 15cm par 10 indique que l’hostel se trouve de l’autre côté de la rue Viktor Dolitze, vous tournez la tête et pour autant, rien. Vous vous approchez, toujours rien ! Ce n’est qu’avec l’aide des autochtones, voyant le voyageur perdu dans la banlieue et vous offrant un « Romantik ? » que vous trouverez la si convoitée résidence d’été de ces voyageurs au long cours. D’un signe de la tête accompagné d’un large sourire, ils vous indiquent la cave de l’immeuble. Vraiment ?!. Quelques marches mènent à la porte, la franchir c’est rentrer dans un autre univers, sombre et chaleureux à la fois. Les chambres ressemblent à des petites maisons en cartons accompagnés d’un toit en claire-voie et sont réparties autour de la pièce à vivre dans laquelle les câbles électriques cheminent au sol et dans les airs et la moquette d’un rouge passé et imprégnée d’alcool n’a d’égale que les tables branlantes et les chaises massacrées. C’est dans cette atmosphère hypnotique que déambulent les résidents de l’Hostel Romantik. La lumière ne parvenant jamais vraiment dans cette cave, le temps est une notion oubliée par beaucoup , y vivre de jour ou de nuit ne faisant aucune réelle différence. C’est ainsi que vous pouvez trouver certains occupants, accrochés à leur bouteille de vodka jusqu’à tard dans la matinée quand l’alcool les rappelle à leur couchage et les voir émerger à la nuit tombée pour recommencer la procédure, et ce pendant des longues semaines.

Parler du Romantik sans dresser quelques portraits des ses résidents serait comme oublier le vin rouge avec le fromage. A commencer par Kame, la trentaine passé et doté d’un calme à la japonaise accompagné d’un sens aigu de l’observation. Il voyage depuis 5 ans, à la vitesse d’un escargot et a passé une année complète en Géorgie, initialement pour des problèmes administratifs, et finalement par amour pour le Romantik, je suppose. La nuit venu, c’est le responsable des lieux. Ensuite viennent Tom et Rhys, deux british qui se pédalent vers Inde et qui n’avaient aucunement prévu de devenir résident de ce lieu miteux, mais transporté de renouvellement de passeport en problèmes d’obtention de visa azéri puis iranien, c’est pendant 3 mois qu’ils traîneront leur guêtre dans les catacombes du Romantik. Pour finir, la mascotte des lieux, Anwar mieux connu sous le nom d’« Habibi », jeune réalisateur de film égyptien qui n’a de cesse de voyager entre ses tournages. Pour lui, le voyage c’est la rencontre et avant tout celle de voyageurs, qui lui apportent inspiration et lui insuffle l’énergie nécessaire pour écrire. Pas une goutte d’alcool ni un soupçon de quelque psychotrope que ce soit, mais c’est bien de plus dingue de la bande, capable de chanter à tue-tête en sautillant frénétiquement sur un fauteuil, et la minute suivante d’avoir une conversation profonde sur la religion ou le monde qui nous entoure.

C’est pendant un mois que j’évoluerai dans cette ambiance où quelques uns restent et la plupart passent mais tous le monde – ou presque – fini par reprendre la route. Le voyage reste la cause de notre union ; et de notre séparation, jusqu’à une nouvelle rencontre, ailleurs sur la planète. Le rendez-vous est fixé, ce sera début 2014, en Inde.

24/09/2013