Albanie – été 2012

Voici un premier récit, 4 jours en Albanie, à la fin de l’été 2012. Une personne rencontrée sur le chemin un peu plus tôt en Grèce – avec qui je suis très content d’être resté en contact – m’a demandé de lui raconter mon passage dans ce pays encore assez méconnu. En voici l’essence.

 

  

Arrivé en bateau à Saranda, après Corfu le changement est radical, ce n’est pas franchement ce à quoi je m’attendais après avoir entendu parler de cette ville comme de la «riviera albanaise». Sur la côte des barres d’immeubles d’un goût douteux, pour certains en construction – pour d’autres déjà à moitié détruits.

Une fois de plus je ne savais pas où dormir, le guide m’indiquant des hôtels à 50€ la nuit, je pensais déjà que j’allais dormir dehors une nouvelle fois. Finalement en sortant du terminal de ferry il y avait foule de personne proposant des chambres à 10€. Je finis dans une sorte d’auberge de jeunesse très clean avec plein de gens sympathiques… la soirée se déroule tranquillement avec un couple de bruxellois rencontrés sur le bateau. Première remarque sur les gens et plus précisément sur les femmes, on est en Europe mais les codes sont différents. Dès que le regard accroche, même une demi seconde, elles restent fixer le mâle sans gêne et sans retenue, un peu perturbant dans les premiers instants.

 

Le lendemain, après un rapide tour dans la ville et un stop au marché – lieux d’échange en tout genre que j’affectionne généralement beaucoup et particulièrement ici – je m’en vais pour Dhermi, petite ville côtière m’ayant été conseillée par des albanais quelques jours auparavant. Ces derniers m’ont d’ailleurs élaboré l’ensemble de mon périple albanais. Top !

 

Arrivée à Dhermi en début d’après-midi, je me demandais un peu ce que je faisais là, lâché au milieu de la route avec rien qui ressemblait à de la vie aux alentours. N’ayant encore rien mangé de la journée je demande à un type descendu du bus avec moi où il était possible de se restaurer en langage des signes … l’individu ne parlant pas un mot d’anglais je me suis d’ailleurs rendu compte plus tard qu’il n’était pas loin d’être analphabète. Il me dit « saläté ? », « ok !». Je le suis, 5 minutes, 10 minutes, 20 minutes. Après 25 minutes de marche et quelques inquiétudes nous arrivons dans un « camping ». Ouf ! Le gérant parle anglais, plus facile, il me prépare une bonne salade grecque et me fait en plus des « macaronis »,  comprendre spaghetti avec de la sauce tomate ! Je partage avec eux mon « vin » – mélange très fuité à base de raisin vendu dans une bouteille d’eau de deux litres – acheté quelques heures plus tôt au marché de Saranda et tous me réservent un accueil des plus chaleureux. Après-midi sieste, bières et plage – étonnement déserte compte tenu de sa qualité – avec des albanaises et un allemand rencontrés dans le camping! Le soir arrive, un albanais travaillant dans le camping et parlant français me dit « viens, on va faire un tour, je vais te montrer les bars du coin… », « ok ». Et nous partons par la plage, dans le noir, nous arrivons à  une petite sandwicherie, tenu par le frère du tenancier du camping, le type était en fait venu vendre un peu d’herbe. Par curiosité je lui demande comment cela se passe avec la police en Albanie… Il me répond non sans un sourire au coin de lèvres, que l’une des quatre personnes assise autour de la table avec nous … est flic ! C’est noté.

 

Troisième jour un peu chargé, réveil à 7h par le patron du camping qui savait qu’il fallait que je prenne le bus à 8h, très attentionné !  Direction Berat, ville ottomane surnommée la ville aux milles fenêtres et connue pour être l’un des bastions de la révolution albanaise. Dans le bus je rencontre d’ailleurs un un avocat albanais parlant un peu français et qui voulait absolument le pratiquer. Il m’explique tout le système de justice qui est copié à 90% sur le système français pour la simple et bonne raison que l’un des albanais ayant mis en place le système avait fait ses études à la Sorbonne… L’organisation institutionnelle d’un pays ne tient vraiment pas à grand chose. Je visite donc cette ville en compagnie d’un couple d’architectes austro-tchèque très charmant et rencontre avec eux un français qui venait pour la seizième fois dans ce pays (sa femme étant albanaise). Il nous dit que c’était la première année qu’il voyait – vraiment – des touristes. Mais selon lui le pays avait encore de « sacrés progrès » à faire avant de voir venir plus de monde, notamment en matière de corruption.

La journée passe et je reprends à nouveau le bus direction Tirana. C’est sur ce trajet en particulier que je me rends vraiment compte du côté old-school de l’Albanie. Des minibus dans un sacré état, des personnes sortant des champs de toute part avec leur faucille, leur âne et leur charrette, des routes complètement défoncées et des bâtiments dans un état tout à fait comparable. J’arrive tard à Tirana et je rencontre un français avec qui je trouve une auberge sympathique qui m’avait été recommandée à plusieurs reprises. Nous sortons, buvons pas mal de bières, mais sans vraiment appréhender l’ambiance de la ville, apparemment très sympathique. Dommage !

 

Le lendemain depuis le bus m’emmenant vers Dubrovnik (je l’espérai), j’apprécie les façades colorées que l’on retrouve partout en ville. C’est le maire, et ancien artiste peintre, élu en 2000, qui a incité les habitants de la capitale à repeindre leurs façades de couleurs criardes pour leur « redonner le moral » suite à la chute du communisme et à la fin l’URSS. Et même en continuant à plusieurs dizaines de kilomètres de la ville, beaucoup de façades continuent d’être peinte de la sorte. La dynamique est enclenché et touche semblerait-il une bonne partie de l’Albanie. J’aime beaucoup.

Arrivée à Shkodra où, m’avait-on dit, je pouvais avoir une connexion rapide pour Dubrovnik. J’apprends qu’en prenant un car … 4h plus tard … je pouvais juste passer la frontière et arriver au Monténégro. Qu’à cela ne tienne, je m’en vais explorer la ville et commence à prendre des photos quand je vois dans mon viseur un groupe de 4 « anciens » me faisant des signes. Ils voulaient que je les prenne en photos. Avec plaisir messieurs ! Sur ce je continue mon chemin et passe à proximité du petit groupe qui m’alpague à nouveau pour d’autres photos. Ils me demandent si je voulais boire quelque chose, difficile de refuser une telle proposition, surtout à l’heure de l’apéro ! Et là c’était parti pour deux heures de Raki très instructif. L’un d’eux, plus jeune – 35 – 40 ans – habitant depuis de nombreuses années en Hollande, parlait très bien anglais. Il m’en apprit beaucoup sur le rythme de vie des albanais et sur leur manière de voir les choses.

 

Pour résumer ce passage en Albanie, une phrase de ce cet albano-hollandais qui m’a marqué, « You try to get a job, if you manage, good for you, if you don’t, just enjoy and have fun. Albania is all about having fun!”. Facile à dire quand on s’est exilé à plusieurs milliers de kilomètres de chez soi pour trouver du travail. Trop simpliste pour être vrai, certes, mais ce que j’ai pu observer pendant mon trop court séjour dans ce pays, ce sont des gens qui savent apprécier la vie et les bonheurs simple bien plus je pense que dans nos contrés occidentales.

Ce qui devait n’être qu’un simple passage dans un pays encore peu connu du mainstream des touristes s’est finalement transformé en la plus belle étape de mon voyage dans les balkans.

 

 

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