L’italie d’Ouest en Est

 

Turin sera placé sous le signe de la pluie de bout en bout mais également sous celui de la bonne humeur et du Jazz , festival oblige. L’australien qui m’accueille est prof d’italien dans son pays natal, et d’anglais ici. Il est revenu depuis le début de l’année et n’a pas eu beaucoup de temps pour redécouvrir la ville, il m’accompagne partout durant les deux journées que j’y passerai et me fait découvrir la ville avec passion au travers de ces restes de cours d’histoire dispensés quelques années auparavant. J’apprendrais notamment que je me trouve dans ce qui a été la première capitale de l’Italie unifiée de 1861 à 1866, avant de perdre son statut au profit de Florence, puis de Rome. Vestige d’une histoire plus contemporaine, de part de d’autre de la place Castello se trouve le Palazzo Real et un bâtiment plus récent, d’une envergure impressionnante érigé sous l’ère de Mussolini, marquant la domination de ce dernier sur le Roi. La longue discussion que nous avons autour d’un bon repas et d’une bouteille de vin rouge m’interpelle. Bien qu’étant globalement en accord sur les changements que connaissent nos sociétés occidentales en cette période de « crise », cet australien fait preuve d’un positivisme à tout épreuve tant au sujet de l’éducation que du démembrement enclenchés des acquis sociaux. Il finit par me dire qu’il est conscient que son discours est très – peut-être trop – positiviste mais que c’est l’espoir de pouvoir changer le cours des choses par des actions alternatives qui le pousse à aller de l’avant et entreprendre de nouveaux projet. Au fond c’est peut-être lui qui a raison.

 

L’heure du départ a une nouvelle fois sonné, en bus cette fois-ci. Avant de partir Simon me fait deux sandwichs et m’offre un coussin gonflable. Objet qui lui paraît indispensable pour le voyage que j’entreprends. Le geste me va droit au cœur. Durant le trajet pour Milan j’ai l’impression de ne pas sortir de l’agglomération tant les entreprises jouxtant la voie rapide sont nombreuses, pour cause, c’est la zone la plus dynamique de l’Italie. Après quelques cocktails maisons préparer l’ami Olivier nous sortons pour découvrir l’Aperitivo. Que l’on ne s’y trompe pas, il ne s’agit pas seulement d’aller boire des bières avec les copains. Les italiens savent manger, ce n’est un mystère pour personne, mais les milanais ont le don de l’accorder avec la boisson. Pour l’achat d’une consommation (prix unique pour une bière ou un cocktail, entre 7 et 10€), pléthores de spécialités locales sont proposées. Tout comme les pizzas new-yorkaises à 1$ proposées partout et toute la nuit, je suis persuadé que ce concept pourrait faire fureur en France. Le lendemain nous partons à la découverte de la Focaccia et du Pesto près de Recco avec toute une équipe de trainee-laywers. Après un bon repas et quelques verres de vin je prendrai mon premier bain de l’année. Trop froide ? Pas pour un breton ! Finalement presque tout le monde viendra faire trempette. L’un deux, Marco, génois d’origine, ayant à cœur de me faire découvrir le patrimoine régional me fera goûter les deux spécialités culinaires ainsi qu’un « café corte con grappa » très bon pour la digestion semblerait-il. De retour dans la capitale Ligurne et après un exposé sur Gênes en Italien pour ses amis il m’explique en anglais combien l’histoire culturelle de sa ville est riche et comment celle-ci s’est développée. Tout comme la Venise de Marco Polo, la prospérité de la cité vient de ses marchands qui ont, à partir du XIIeme siècle parcouru le monde. Les grandes familles qui se disputaient alors le pouvoir sont toujours bien présentes aujourd’hui mais n’ont plus le même ascendant sur la vie de l’agglomération. Depuis le point de vue où Marco nous narre le passé et le présent de sa ville, il nous montre la colossale villa d’une grande famille de marchands et nous indique que c’est le propriétaire de Costa Cruise qui y réside. Doit on y voir une marque du déclin de la cité ?

 

Destination Vicenza (entre Verona et Padova), où j’ai trouvé un nouveau couchsurfing. Celui-ci se trouve en fait à 30km du chef-lieu de la province. Après avoir une nouvelle fois traversé les zones industrielles puis la banlieue de la ville j’arrive dans le centre. On m’avait dit « pourquoi tu vas à Vicenza, y’a rien à voir ». Quelle surprise de voir tant de touristes -français pour la plupart -parcourir le centre. En début de soirée je rejoins Mattia à la gare qui n’emmène à Brogliano, « El ombelico del mondo » d’après Danilo, son compagnon, qui a toujours habité dans ce petit village perdu dans la montagne.Ce sera reposant. Le deuxième et dernier soir ils n’emmènent à un concert de musique classique quelque peu original, c’est Mattia qui l’a organisé. 4 violoncelles, la voie de Maximiliano et une complicité exceptionnelle leur permettent de passer de Dubussy au french cancan pour finir sur un « spider man, spider man, … ». Après le concert nous allons boire une bière et déguster de véritables bruschettas en compagnie de ces chouettes musiciens.

 

Mattia m’emmène très aimablement le lendemain matin à plus d’une demi heure de voiture à l’autogrill (c’est ainsi les italiens nomment les stations services) le plus plus proche. Après 2 courts trajets je tombe sur une bande copains qui s’en vont fêter l’enterrement de vie de garçon de l’un d’entre eux, encore des trainee-laywers pour une bonne moitié du groupe! A croire que ces gens ne se déplacent qu’en bande. La destination est une surprise pour l’intéressé et quand je leur dis que je souhaite me rendre vers Trieste, ou mieux encore Ljubljana, ils me disent « ok, monte, c’est notre direction ». Très généreux de leur part, nous nous retrouvons à 5 gaillards dans la petite citadine pour quelques une durée alors inconnue. L’intéressé, Tomaso, sera mon camarade de route. Sur la route nous parlons notamment de Beppe Grillo qui représente pour lui un véritable danger pour le pays. A son sens, bien que les idées de transparence de la vie politique et de démocratie participative soient bien entendues vertueuses et très intéressantes, sa popularité s’est davantage construite sur la destruction du système établit par Berlusconi puis Monti. L’humoriste a su rallier des pensées de droite et de gauche qui ne trouvaient plus leur compte dans la gouvernance actuelle, d’une part grâce à son « tous pourris » tellement facile et n’incitant pas à la réflexion, et aussi grâce aux besoins des italiens de s’identifier à une icône (tout comme Sofian le routier), spécificité exacerbée de la péninsule ayant fait les beaux jours du Cavaliere. Selon Tomaso, Beppe n’apporte aucune solution aux maux du pays et la démocratie participative n’est qu’un leurre pour cette personnalité qui n’hésite pas éjecter, au sein de son mouvement, les personnes qui ne sont pas en accord total avec lui. Totalitarisme et démocratie participative sont-ils compatibles? Son analyse m’alerte et me pousse à établir un parallèle avec d’autres périodes de populisme, française en 2002 ou allemande dans les années 30 et me rappelle que le devoir de vigilance est de mise en ces temps de crise. Avant d’arriver à Trieste, ses compères m’annoncent que je suis chanceux et qu’après un déjeuner (copieux) dans cette ville, ils vont à Ljubljana. C’est ainsi que je passerai les derniers instants en Italie à leur côtés. A l’entrée en Slovénie nous achetons la vignette permettant de circuler sur les autoroutes du pays, un petit problème technique et un stop fera oublier à l’autre voiture de coller cette vignette sur le pare-brise leur valant une amende de 150€. Bienvenue en Slovénie !

 

Outre la langue, c’est aussi la nourriture et surtout le code de la route – qui vaut en Italie plus d’indication à la bonne organisation de la circulation que de règle absolue comme en France désormais – me font savoir que la France est derrière moi. Cependant les codes n’ont pas fondamentalement changés et c’est paisiblement que je m’éloigne de ma terre natale.

 

08/05/2013

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7 réactions à L’italie d’Ouest en Est

  1. cam a écrit:

    Bruscettas, aperitivo le bon combo ! T’aurais ptet du pousser plus au sud je crois que la vrai Italie est là-ba, un vrai bordel. porte toi bien

  2. L'abbé Fernand a écrit:

    « Avant de partir Simon me fait deux sandwichs et m’offre un coussin gonflable. Objet qui lui paraît indispensable pour le voyage que j’entreprends. »

    Tu te fous de ma gueule ? T’es parti sans oreiller ? TOI ?

  3. MaxK a écrit:

    Je vois même pas « Zidane » écrit dans un article sur un Francais en Italie… le bûcher pour Maurice!

  4. Boris a écrit:

    @cam, mais je me dirige vers la Turquie!
    @ »L’abbé Fernand », je comprends que cela puisse te paraître étrange mais je n’avais rien trouvé à mon goût, le destin a choisi pour moi en quelque sorte!
    @MaxK, au risque de te décevoir, en une semaine je ne suis pas sûr d’en avoir entendu parler une seule fois. Je sais que ce n’est pas facile pour toi mais il est peut-être temps de tourner la page… (la guillotine cette fois-ci!?)

  5. MaxK a écrit:

    Putain Maurice, dis pas ça. Never forget.

    • Florent G. a écrit:

      Complètement malade le Max…
      Ton blog est fort agréable à suivre Bo et les photos d’illustrations valent le coup d’oeil. Un livre déjà en préparation ou est-ce encore trop tôt pour se prononcer sur l’écriture de tes mémoires ?

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