La Bosnie, premier pas vers le dépaysement

 

Nous passons la frontière à pied, les douaniers sont de bonne humeur et nous confirment que le village de Pocitelj – recommandé par notre dernier transporteur de la journée – mérite le détour. Il est 18h30 et le village est à 10km (voire 15 selon les sources), nous décidons d’avancer à pied. Dès les premiers signes de vie rencontrés l’atmosphère est plus rurale, un nombre impressionnant de personnes cultivent leur petit potager le long de la neretva. Ce sont ces mêmes personnes qui vendent leur production le long de la route avec en guise d’étalage, tantôt un camion ou une voiture, tantôt une simple brouette.

 

Nous arrivons dans le dit village, superbement reconstruit après la guerre grâce aux subventions de l’union européenne dont le logo trône inlassablement partout dans la cité. Les minarets des mosquées côtoient les pittoresques maisons aux toits de pierre. Il est maintenant 20h30, le soleil vient de disparaître. Après quelques pas dans le village, Vlado m’interpelle, « Come here, it’s my place ». Il est assis avec 2 amis, son anglais nous permet de baragouiner quelques minutes et il nous invite à rester. Un ami parlant maîtrisant la langue de Shakespeare doit arriver. Bien qu’il nous explique que contrairement à la majorité des bosniaques, lui n’a aucun problème avec les autres religions, Alan exhibe avec ferveur ses nombreux tatouages explicitant son appartenance à la communauté croate (catholique). Connaissant les ravages qu’ont fait pendant une dizaine d’années les guerres ethnico-religieuses à la suite de la déclaration de souveraineté de la Bosnie en 1991 ; étant moi-même athée, et en compagnie de Bar, de confession juive, je ne suis pas – du tout – rassurer. Cependant la nuit étant tombée et n’ayant pas de logis nous passerons la soirée avec eux.

C’est finalement dans le salon d’Alan à Capljina, et après avoir expérimenter la conduite sportive de Vlado, que nous échouerons vers 3h du matin. De bout en bout ces jeunes gens étaient tout à fait bien intentionnés à notre égard mais quand la barrière de la langue s’immisce dans les relations une crainte peut rapidement s’installer. Bien que celle-ci n’ai pas trouvée de justification en cette première nuit bosniaque, il est important de ne jamais la sous-estimer, elle peut sauver. C’est en tout cas de cette manière que nous découvrirons l’hospitalité et la générosité présentes aux portes de la Croatie et du « monde occidental ». Il semblerait que les bosniaque n’est pas la même relation avec l’étranger. Le tourisme de masse se serait-il arrêté de l’autre côté de la frontière ?

 

Le lendemain, Robert, un ami d’Alan nous prend sous son aile, 180km/h sur une route de campagne génère en moi moins de frayeur que dans la Cherokee de Vlado la nuit passée. Des usines désaffectées, des bâtisses détruites pendant la guerre conservant les traces de balles et d’obus ainsi que des réminiscences de l’architecture soviétique jonchent la route qui nous mène à Mostar. Les traces de la guerre ne sont pas présentes que dans les esprits. Après avoir réussi à nous échapper de Robert qui ne veut pas nous lâcher, nous tombons sur Vesna venue lire au bord le rivière. Après quelques mots échangés elle propose de nous accompagner, elle passera finalement la journée avec nous, contente de pratiquer son anglais. Nous découvrons rapidement et non sans plaisir les cevapici – petites saucisses frites à l’huile accompagnées de pain et d’oignons – dont j’entends parler quasi quotidiennement depuis mon entrée en Slovénie. Sans mot dire elle ira régler pour nous. Nous nous trouvons alors sur la rive catholique. La vielle ville, connue pour son pont se situe sur l’autre rive, musulmane. Quelques questions plus tard elle nous explique qu’en Bosnie et particulièrement à Mostar les deux communautés ne se mélangent pas (du tout). La paix est aujourd’hui installée dans la région mais les siècles de guerre ne s’effacent pas du jour au lendemain. Nous finirons la journée à Sarajevo, atteint à bord d’un train – fumeur – à la nuit tombée.

 

Le lendemain, Joachim, un portugais – théoriquement – consigné à l’auberge, nous fera office de guide. Il est à Sarajevo depuis 3 semaines. Pour cause un fâcheux accident de voiture. Pas de drogue, pas d’alcool, un simple accident avec comme unique conséquence un bras cassé. Une semaine en prison sans sortie, sans douche et quasiment sans manger semble être, en Bosnie, le prix à payer pour un tel acte d’incivilité. La générosité et l’hospitalité des bosniaques serait-elle inversement proportionnelle à la douceur des sanctions imposés par leurs forces de l’ordre ? Joachim, bon pied bon œil prend la situation avec beaucoup de diplomatie et se dit que cela pourrait être pire. Durant les quelques heures que durent la visite de la ville il reçoit un coup de fil, il sera relâcher dans une semaine.

 

Les vestiges de la guerre encore très présents, conjugués à des lois et décisions de justice plutôt éloignées de nos standards occidentaux sont peut-être les ingrédients qui permettent à la Bosnie-Herzégovine de conserver son authenticité.

 

28/05/2013

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5 réactions à La Bosnie, premier pas vers le dépaysement

  1. Gisele Raguénès a écrit:

    On voit que ton voyage te permet de rencontrer pleins de gens différents, on espère que ces découvertes sont enrichissantes.
    On te fait un coucou de Venise, profite bien.
    Bises Gisele patrick et sandra

  2. MaxK a écrit:

    Mais tu es à Thée ou en Bosnie?!! Je comprends rien à tes articles. Ca doit être à cause de la gnole que te filent les locaux. Et je te promets que je vais d’essayer de ne pas pourrir ton blog de commentaires minables de ce type à l’avenir.

  3. MaxK a écrit:

    Un peu flippant ton « couché de soleil #3 »! C’est l’apparition de « la vierge Marice »?

  4. Boris a écrit:

    :). Un truc comme ça, sa disparition en fait! J’espère que ca te fera moins flipper.

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