Byzance, Constantinople … Istanbul

 

C’est presque une semaine après qu’ai commencé l’Occupy Gezi, c’est à dire au beau milieu des événements qui ont déchaînés la Turquie durant plus de 15 jours, que j’arrive à Istanbul, cette ville qui ne dort jamais et dans laquelle habitent plus de 15 millions de personnes. M’étant fait un jeune ami turc sur la bateau me permettant de traverser la mer de Marmara depuis Bursa, je lui demande où se trouve Istanbul, réponse inattendue : « It’s all Istanbul ». Whouaah ! Il est impressionnant d’arriver par cette mer et de se rendre compte du gigantisme de cette ville. La cité s’est construite de part et d’autre du Bosphore et à en croire l’appellation donnée aux deux rives, c’est la jonction de deux mondes, l’Europe et l’Asie. Souvent considérée comme européenne en raison de la présence du cœur historique sur cette rive, c’est riche de presque 2 millénaires d’influence romaine, grecque et ottomane – peut-être mieux connu sous les noms de Byzance, Constantinople et Istanbul – qu’elle est aujourd’hui la 5ème ville la plus visitée au monde. Depuis 1920 et la chute de l’empire ottoman, Istanbul appartient à la république [laïque] de Turquie mise en place par Atatürk dont elle sera la capitale pendant 3 ans avant de perdre son statut au profit d’Ankara.

Cela fait quelques années maintenant que je fréquente les auberges de jeunesse et j’ai aujourd’hui le temps de passer de l’autre côté de la barrière. C’est donc en travaillant 5 heures pas jour – généralement de 3pm à 8pm – que je vais découvrir cette cité antique. En échange de ce travail volontaire, un couchage et un petit déjeuner me sont offerts. 5 heures par jour pour 12€, soit moins de 3€ de l’heure, ce n’est certes pas le job le très lucratif auquel j’ai pris part mais – s’occuper des quelques check-in (peu nombreux compte tenu des événements un peu particuliers), des réservations et des machines à laver – il faut bien l’admettre, ce n’est pas non plus le plus harassant. Et puis c’est un accord bipartite, s’il ne me convenait pas, libre à moi de quitter l’établissement. Cette présence à l’hostel m’a donné le temps de prendre mon temps, de m’occuper de mes photos en retard, de lire un peu plus que d’accoutumé et de faire d’intéressantes rencontres. Une bonne expérience en somme.

De Balat à Sultanhammet, du Karakoy à Besiktas et de Uhskudar à Kadikoy j’aurais sillonné la ville appareil photo au poing et en quittant au maximum les itinéraires les plus touritiques. On dit que les turcs parlent très peu anglais, c’est vrai. Bien que les jeunes stambouliotes « éduqués » le parlent généralement, dès que l’on sort des grands axes très fréquentés le niveau décroît, de manière inversement proportionnelle à l’amabilité dont font preuve ces locaux. Il est alors très frustrant de ne pas pouvoir échanger avec ces personnes si gentilles et accueillantes qui vous invite à vous asseoir à leur table ou vous offre un thé, pour une raison que vous ignorez, probablement simplement parce que vous êtes étranger, que vous avez l’air sympathique et êtes sortis des sentiers battus. Faute d’avoir trouvé une méthode de turque rapidement, mes bonnes résolutions d’apprendre – un peu – le turque, sont rapidement tombées à l’eau.

J’ai heureusement eu la chance de rencontrer Mehmet via le site couchsurfing avec qui nous avons remontés le Bosphore appareils photos en bandoulière (une fois n’est pas coutume). 30 ans passés à Istanbul et fervent supporter de Besiktas (dont le fan club – les çarçi – a été l’une des figures les plus emblématiques dans le soulèvement turque de l’Occupy Gezi), en ont fait un excellent guide pour cette balade. Nous avons passé 10 heures à déambuler le long du détroit, de Beyoglu à Ortakoy en dégustant un nombre impressionnants de spécialités locales. Kebab (le meilleur d’Istanbul selon lui), café turque préparé dans du sable chaud, moules dans leur coquille avec riz et citron ou frites en sandwich avec une sauce à l’ail, kumpir (pomme de terre farcie qui à elle seule vous remplie pour la journée), pour finir la promenade avec les incroyables Baklawa de Güllüoglu… Grâce à lui j’ai donc pu approcher d’un peu plus près le vie locale et découvrir une autre facette de la cité qui m’a enchantée.

 

Je ne puis parler d’Istanbul sans évoquer les Princess Islands, situées dans la mer de Marmara et à une encablure du continent. Le contraste avec l’énorme métropole qu’est Istanbul est frappant. Ici pas de voiture, seulement bateaux, chevaux et bicyclettes, et pour moins que vous ne choisissiez pas la plus grande des 4 îles vous éviterez même une grande partie des touristes. C’est avec Kirsten, néo-zélandaise étudiante en journalisme à New-York que je découvrirai l’une de ces île (…). Rencontrée à la sortie du bateau, après quelques mots échangés nous partons à la conquête du sommet de l’île (15 minutes en tongue) d’où nous jouissons du panorama sur la mer de Marmara et sur Istanbul. Nous ferons un demi tour de l’île à la recherche d’une plage agréable avant de retomber – en aillant failli à notre mission – sur le petit bourg sympathique où le bateau nous a laissé. Après s’être légèrement restauré nous repartons et finirons la journée à la « plage », 5 liras pour profiter d’un sable pas franchement alléchant ou 10 liras pour un transat en plastique pas beaucoup plus plaisant, d’un commun accord et sans réfléchir nous optons pour l’inconfort des galets quelques dizaines de mètres plus loin et ce n’est qu’à la nuit tombée que nous quitterons la baie, direction Istanbul.

 

3 jours en couchsurfing avant de quitter l’agitation de la métropole stambouliote auront entériné mon ravissement pour celle-ci. M’étant d’ores et déjà engagé pour un autre volontariat dans une ferme en Anatolie, je quitte Istanbul en voiture couchette (oui oui) lundi 24 juin dans la grosse Volvo à Bernt et Tobias – deux allemands rencontrés en couchsurfing chez Cagdas – avec qui je passerai une dernière nuit sur la mer noire. Peut-être est-ce le fait de passer plus de 5 jours dans une même ville, peut-être le fait d’y travailler ou bien tout simplement parce qu’Istanbul est une ville extraordinaire mais c’est avec un petit pincement au cœur que je quitte cette ville et les nombreux amis que je m’y suis fait. Même si compte tenu du chemin que je compte suivre cela n’aurait pas beaucoup de sens d’y retourner après l’Anatolie, c’est une option que je ne peux exclure.

05/07/13

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5 réactions à Byzance, Constantinople … Istanbul

  1. MaxK a écrit:

    L’air sympathique… bah ils ont pas du essayer de te coller du Nutella sur la joue…

  2. MaxK a écrit:

    Et je sais pas si je t’avais envoyé le lien mais sofoot a fait un article sur le rôle des çarçi (eux l’écrivent karçi je crois) dans les évènements. Si ça t’intéresse, ça fait toujours un point de vue de plus.

    • Boris a écrit:

      Yep, tu me l’avais envoyé en effet intéressant, et le vrai nom de ce groupe maintenant mythique de supporter est Çarşı!
      Et maintenant, environ 2 mois après le début des évènements les manifestations continuent tous les samedi soir mais l’occupy Gezy est bel et bien terminé et le parc sera détruit, c’est certain maintenant!

  3. DenisRioult a écrit:

    Salut Boris,
    Sympa de suivre tes pérégrinations.
    Belles photos et rencontres enrichissantes pour Toi.

    Bon voyage. Amitiés

    • Boris a écrit:

      Merci pour ton commentaire Denis, j’espère que tout se passe pour le mieux dans ta Normandie natale. Pour ma part je suis maintenant et Géorgie et ce sera bientôt l’Iran! Amitiés

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