Longues pérégrinations iraniennes

Je m’excuse par avance pour la longueur de ce post mais 2 mois c’est long et l’Iran et ses habitants méritent au moins cela.

 

Arrivé par la frontière arménienne en compagnie de Marysia, c’est avec elle que je passerai mon premier mois en Iran. Et pour commencer, Tabriz et son incroyable Bazar, l’un des plus anciens du Moyen-Orient et surtout le plus grand Bazar couvert du monde, rien que ça ! Un véritable bijou d’authenticité dans lequel on se plaît à observer les locaux faire leur shopping (pas comme das le Grand Bazar d’Istanbul, réservé aux touristes), et les gardiens du temple tuer le temps en passant la journée – entre 2 siestes au milieu des épices ou des tapis – dans leurs boîtes de 3m² leur faisant office de bureau, accompagnés de leurs camarades et armés de leur cay (thé). Déambuler le temps d’une journée en se perdant dans l’immensité du Bazar est une expérience à part entière et après avoir visité les bazars de toutes les autres grandes villes, aucun d’entre eux ne s’est avéré plus impressionnant, pittoresque et authentique que celui-ci.

 

Quelques jours plus tard, et après un détour pluvieux par Rasht et Masuleh, c’est à Abhar que nous arrivons. Initialement pour saluer Azi, un ami iranien rencontré en Géorgie – dans «THE HOSTEL », l’hostel Romantik. Mais rapidement ce sont deux étudiants d’anglais d’Azi, Mister Parviz et sa femme Misses Parivash qui nous prennent sous leurs ailes et nous pousserons à rester, encore et encore. Malgré son anglais quasi inexistant , c’est avec une telle volonté et une incroyable utilisation de son corps que Parviz parvient à s’exprimer, systématiquement de manière aussi brillante qu’hilarante. Et quand un mois plus tard je reviendrai avec un autre ami Polonais et que quelqu’un questionnera Azi sur la raison de notre présence à Abhar – ville dans laquelle il n’y a « rien à faire » – c’est sa réponse qui me fera réaliser que bien sûr, si au total j’ai passé 10 jours dans cette petite ville, c’est bien pour l’agréable compagnie de Parviz et de se femme.

 

C’est après une dizaine de jours en Iran que nous arrivons au Kurdistan où tout de suite, il est évident que nous avons changé de culture. Le turque-azéri a été troqué pour le kurde, et les jeans pour les pantalons traditionnels amples et ultra confortable, bien souvent accompagné d’un écharpe locale nouée autour de la tête en guise de couvre-chef. Je vous laisse contempler les clichés. Le lendemain de notre arrivée dans la région nous prenons la route de la vallée d’Howraman. Coup de chance, c’est un jour de sacrifice que nous arrivons dans le plus grand village de la vallée, accroché aux montagnes de Zagros, pittoresque au possible et situé à seulement quelques encablures de la frontière irakienne. Le village est animé et le sang coule à flot (vous êtes prié de bien vouloir oublier les règles d’hygiène en vigueur en Europe…). Si dans les grandes villes kurdes les costumes sont originaux, ils deviennent ici simplement fantastiques et même les jeunes enfants, filles comme garçons, revêtissent le costume traditionnel, venant compléter le folklorique de la scène. Plus tard nous quittons le village et après quelques dizaines de kilomètres parcourus et de longues heures d’attente sur les pistes désertes des montagnes de Zagros, nous finissons par nous faire embarquer. Faute de place dans la voiture, c’est à l’arrière du pick-up , et en compagnie d’un sympathique mouton que je passerai les 3 heures suivantes avant de profiter grâce à ce même chauffeur, de la chaude hospitalité kurde, qui nous offrira le gîte et le couvert. C’est à contre-coeur que nous quittons la région mais le pays est gigantesque, et le temps file.

 

Destination suivante, Isfahan, rallié après 2 jours de stop. C’est LA ville la plus touristique d’Iran avec le palace Chehel sotoon (40 colonnes), le pont Si o se pol (33 arches), et la majestueuse place Naghsh-e Jahan, inscrite au patrimoine mondial de l’humanité. Les siècles d’occupations par les différentes dynasties perses sont sensibles et confère un charme particulier à la ville, mais que de touristes. Suivront Shiraz et Persepolis, cœur de la civilisation perse. Une architecture extrêmement riche à laquelle se mêle avec une extraordinaire finesse l’art perse assaisonné d’influences arabiques. Pour le plaisir des yeux ! Arrivée à Kerman et Mahand quelques jours après Shiraz, comme toujours ce sont irrémédiablement les mosquées et bazars qui font office de première attraction touristique. Mais Kerman c’est aussi la capitale du Zireh (Cumin), et surtout du Khelioun (Narguilé)! Ce sera donc dans une ambiance enfumée que nous passerons ces 3 jours, et soyons honnête essentiellement poussé par Marysia (non-fumeuse) à consumer ce met traditionnel. Mais si c’est pour s’immerger dans la culture locale, peut-on vraiment refuser ?

 

Nous arrivons finalement à Yazd après 3 semaines en Iran. Yazd, Yazd, Yazd, je ne pourrais expliquer précisément pour quelle raison mais cette cité me fascine, et tout particulièrement la vielle ville. Celle-ci se compose de maisons en torchis, dominées par les tours de vent et les minarets des somptueuses mosquées perses. Dans cette ville située en plein désert, les étés sont chauds et ces tours de vent sont à l’origine du système de ventilation naturelle mis au point il y a plusieurs siècle. Je ne peux m’empêcher de me remémorer un cours sur la ventilation dispensé au Danemark et dans lequel l’une des problématique de cette ventilation naturelle était l’aspect architectural. Ici ces tours sont l’identité même de la cité et lui apporte tout ce qu’il faut de charme et de prestige. Le soir venu, après avoir avoir trouvé le chemin des toits, admirer le couché de soleil sur la ville entourée de montagnes orangées m’a donné l’impression d’être dans la Perse que je m’imaginais étant enfant. Un véritable spectacle !

 

Après quelques jours passés à Kachan, c’est à Téhéran que nous échouons pour la dernière étape de notre voyage commun avec Marysia. Pour être tout à fait franc, je crois que c’est la ville que j’ai le moins aimé durant ces 2 mois. Dommage pour une capitale ! Avec ses 14 millions d’habitants, ce n’est rien d’autre que la plus grande ville du Moyen-Orient, dans laquelle le temps de transport moyen atteint facilement l’heure. Les quelques belles places comme le Golestan Palace, sont ravagées par les constructions aux influences soviétiques les entourant. Heureusement que la compagnie était bonne et que la ville regorge de cafés (10 fois moins qu’à Paris rassurez-vous, mais pour l’Iran, où boire un café relève souvent du parcours du combattant, c’est incroyable), sans cela je crois que 2 jours aurait suffit à m’épuiser de la capitale iranienne.

 

Marisya partie, je prends mes clics et mes clacs et retourne illico presto à Abhar, pour 2 3 jours initialement, j’y resterai finalement une semaine sous prétexte de l’Ashura venant, 10ème jour de la cérémonie pour la mort de l’Imam Hossein en Martyr il y a environ un millénaire dans une guerre contre l’Irak. Cette cérémonie n’existe que chez les chiites, portant les Imams au statut de demi-dieu, à l’inverse des sunnites qui ne leur confère aucun pouvoir spécial.

 

Quelques jours le long de la mer Caspienne finiront par me porter à Mashhad. Objectif numéro 1. Seconde extension de visa. C’est le 20 novembre que j’arrive, quelque peu en précipitation, mon visa expirant le 22. Et que me dit-on après 2 heures d’attente ?

  • Revenez le 23 Monsieur.Le 22 étant un vendredi (jour saint et non travaillé pour les musulmans), hum, très bien…
  • Et… Combien de temps la procédure va-t-elle prendre ?
  • 10 jours Monsieur !
  • WHAAAT !!?? Mais ca ne prend qu’entre 1 et 2 jours à Isfahan, Shiraz, ou Yazd, et blablabla et blablabla
  • Ok ok, bon, 1 jour alors ! Et après un rappel un mot d’un supérieur, non 2 jours, 2 jours…

 

Ok, c’est déjà plus raisonnable. C’est donc après une semaine à Mashhad et trois visites au bureau des affaires étrangère remplie d’Afghans et de Pakistanais que j’obtiendrai l’extension.. Mais seulement pour 20 jours, la personne en charge de fournir l’autorisation ne se sentant pas tout à fait prête à me laisser passer un nouveau mois dans le pays, bien que j’en ai déjà passer quasiment 2 à ce moment. Allez comprendre ! La flexibilité des procédures pour les visas me laissent définitivement dubitatif… Cette froide semaine à Mashhad m’aura donné le temps d’explorer un peu la ville, et tout particulièrement le sanctuaire de l’Imam Reza, le seul et unique des 12 Imams enterrés en Iran. Le « complexe chiite » le plus imposant du monde avec ses 14 minarets et ses 8 cours ,pour lequel il faut compter 30 minutes de marche au pas de course pour en venir à bout. Impressionnant !

 

Un cours passage à Yazd sur ma route pour le golfe persique en souvenir des bons moments passés un mois auparavant et j’arrive à la dernière étape de mon voyage iranien, Bandar Abbas et les îles de Qeshm et d’Hengam. Alors que les premières pistes de ski ouvrent dans le Nord, ici il est encore difficile de s’exposer en plein soleil aux heures les plus chaudes. Une semaine de vagabondage, accompagné de mon nouvel ami anglais Ambrose, entre une partie de foot avec les militaires mourrant d’ennui dans leur petite base d’Hengam, les villages de pécheurs au charme désuet, la mangrove, seule et unique coin de verdure de la région, les paysages désertiques se jetant dans la mer bleue turquoise et l’accoutrement des femmes aussi coloré qu’original aura rendu la fin de ce séjour fantastique.

 

C’est finalement le 4 décembre, après à peine plus de 2 mois dans le pays et un peu à contre-cœur que je quitte le pays, direction Dubai en disant au revoir à tous à ce fantastique peuple iranien, aimable, chaleureux, souvent timide mais toujours serviable, toujours souriant et souvent accueillant. Pour ceux qui peuvent comprendre ces lignes, merci à tous pour la joie de vivre que vous m’avez communiqué, je reviendrai. Et quelle plus belle conclusion que le capitaine de ce bateau venant me chercher, moi et un couple d’allemands (les 3 seuls étrangers à bord) pour nous offrir un cabine privée et nous introduire dans la salle des commandes. La générosité et la gentillesse qui ne peuvent mieux décrire ce  peuple absolument charmant aura été observé jusqu’au bout.

 

Si vous souhaitez plus de détails, ville par ville, je vous invite à jeter un œil à ma carte et à cliquer sur les villes qui vous intéresse.

 

 

15/12/13

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7 réactions à Longues pérégrinations iraniennes

  1. Sarou a écrit:

    Magnifique article, magnifiques photos, ça m’a donné trop envie !!! Je t’embrasse !

  2. Bravo Boris ! C’est toujours un plaisir de te lire ;et que dire de ta galerie photo !?Ça c’est du vécu ! je mettrais une mention particulière à celle représentant un enfant vu de dos ,penché sur la scène où on dépèce un animal : touchant….
    Merci aussi de contribuer par tes commentaires à fraterniser avec ce peuple qui a tant souffert.
    A bientôt ;bonnes fêtes de fin d’année,où que tu sois .
    Je t’embrasse .

  3. helene a écrit:

    F A B U L E U X !!!..merci pour ton blog bougrement intéressant ..photos de plus en plus belles ..bravo et porte toi bien !

  4. Pierre Break a écrit:

    Salut Vieille Branche,

    Je crois que je ne t’avais pas encore laissé de petit mot sur ton site. Mais là je dois dire que les photos m’ont fait voyager de mon bureau orléanais. Bravo ! Tu as bien peaufiné ton style, on dirait.
    Mes meilleurs voeux pour la fin d’année, je boirai un coup à ta santé!

    Pierrot « La Break »

  5. raymond jegou a écrit:

    Ouaouhhh !…..super…..
    Je viens de lire tout l’Iran…..ça met en perspective…..
    Les photos sont superbes….et la lecture agréable et intéressante….
    Nous te souhaitons une nouvelle bonne année de voyage, de rencontres, de récits ( ça c’est pour nous…)
    raymond & michèle

  6. Boris a écrit:

    Merci à tous pour vos commentaires élogieux qui me vont droit au coeur… je vous promets de continuer à raconter mes aventures en 2014.
    Je suis maintenant sur la côte ouest indienne pour mon premier réveillon sous le soleil, avec un temps partagé entr baignade, balade et sirotage de bière. Vous pourvez dormir tranquillement, je profite pour vous! 😉
    Bonne année à tous

    • GISELE RAGUENES a écrit:

      bonne année à toi Boris – les photos et les commentaires sont fort intéressants – tu vas certainement apprécier les baignades indiennes, loin des tempêtes de cet hiver breton – porte toi bien – bises – Gisèle et Patrick

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