Après un bus de nuit depuis d’Hospet, nous arrivons – toujours avec un groupe légèrement trop imposant à mon goût – à Mysore où la découverte des bars locaux un peu sinistres vient détrôner celle du marché aux fleurs, et de l’immense temple britanico-hindo-musulmano-chrétien, lieux hautement touristique de la cité. Puis ce sera le tour d’Ooty, fameuse « hill-resort », accrochée aux collines. Encore une fois, sans avoir été mis au courant de l’événement, c’est dans cette ville que nous célébrons le «republic day » et assistons à une superbe série de danses mêlant traditions et modernisme.Au moment de quitter cette bourgade nous rencontrons une nouvelle bande de voyageurs – également créée sur le tas – et portant à 14 , le temps d’une journée et d’une nuit, le nombre de membres de l’expédition.
C’est à Coimbator que nous échouons après une journée de train en General Class, tout d’abord rempli d’indiens criant et sifflant à chaque passage sous un tunnel (indians!!), puis plus tard, un autre, bondé, dans lequel les passagers s’installent dans les paniers à bagages situés au dessus de nos têtes tandis que le visage de notre compagnon de compartiment s’illumine à la vue de la bouteille d’Old Cask (rhum local) qu’il descend comme un mort de soif, au même rythme que celui de sa femme s’assombrit. C’est pour ma part la première fois que je réalise la manière dont peut se matérialiser l’alcoolisme indien. Une soirée arrosée, ambiance colonie de vacances aura raison de l’unité du groupe et 5 membres resterons sur le carreau lors de notre départ pour Vattakanal, village aussi connu sous le nom de « Mushroom mountains ».
Avant d’atteindre ce lieu de villégiature, nous nous posons à Kodaikannal pour 2 nuits, le temps de nous familiariser avec les lieux. C’est une petite ville (hill-resort comme Ooty) située au cœur de la montagne du Tamil Nadu, construite autour d’un lac, fameuse pour ses lunes de miel et qui se découvre par strates. Tout d’abord la première impression, toujours la même, d’une ville indienne, touristique, odorante, bruyante, dans laquelle les indiens vous sautent dessus pour un oui pour un non. Puis rapidement la fraîcheur se fait apprécier après ces chaudes semaines dans le Karnataka, et dès qu’une distance suffisante est mise entre vous les zones les plus touristiques, alors la population devient beaucoup plus chaleureuse et une atmosphère plus agréable se fait déjà sentir. Enfin, et c’est là que vous comprenez en quoi Kodai est si particulier, en vous baladant d’échoppes en échoppes, vous rencontrez des indiens intéressants, éduqués, et avec qui il est agréable de discuter et de passer quelques heures, des indiens qui ont tout quitté dans des villes comme Bangalore ou Chennai pour venir s’installer ici, ouvrir un petit magasin d’art craft ou de restauration de qualité, profiter de l’air de la montagne, faire ce qu’il aiment, vivre !
Nous migrons finalement pour Vattakannal, petit village accroché au flanc de la montagne (autant israélien qu’indien en cette saison) et situé à 1 heure de marche de Kodai. A l’issue de la première nuit nous nous retrouvons avec Marty (australien), Alex (israélien), Shazza (anglaise) et Kirsten (néo-zélandaise rencontrée l’été dernier à Istanbul), dans notre maison. Nous y passerons une semaine. Une semaine de lecture, cuisine (que ça fait du bien de s’affairer quelques heures par jour dans « sa » cuisine), randonnée, trip haut en couleur, repos, et contemplation de la superbe vue qu’offre « Vatta », changeante à chaque heure du jour et de la nuit. Nous décidons un matin qu’il est temps de lever le camp et de mettre le cap à seulement quelques encablures de là. J’étais à un peu réticent à l’idée, pensant que le temps était venu d’explorer de nouvelles contrées, plus lointaine, mais des voyageurs ainsi que ces « locaux » nous ont convaincu. C’est finalement la direction de Karuna Farm que nous prenons. Karuna Farm ! J’en tomberai amoureux.
Quelques vaches, quelques légumes mais il ne s’agit pas réellement d’une ferme. Il s’agit d’avantage d’une petite communauté, dirigée par Nevil, vieux Baba originaire de Bombay. Après avoir passé une vingtaine d’années dans une communauté hindou qui s’est éteinte à la mort de leur gourou, il a décidé de créer sa communauté, sa « ferme », accrochée au flanc de la montagne tout comme le village de Vatta et dans laquelle vivent quelques familles occidentales, travaillent une dizaine de népalais et qu’il est possible de visiter pour une journée mais qu’il est largement préférable d’appréhender en y logeant quelques jours. La petite dizaine d’occidentaux y vivant à l’année avec leurs enfants vivent la plupart du temps chez eux mais ne sont pas pour autant coupés du monde, certains travaillent, en freelance, via internet, en tant que développeur web ou codeur, leurs enfants vont à l’école, une école pas comme les autres, une école axée sur la nature. Chacun vie sa vie de son côté et tous se retrouvent le dimanche, pour chanter, partager un repas et quelques shiloms pour les amateurs, en remerciant Shiva pour ce qui leur est offert ici. Une vie qui je crois n’a rien, mais alors rien du tout, à envier à celle d’une famille française, américaine ou polonaise, pour qui le pain quotidien se résume bien souvent à un joli « métro, boulot, dodo » sur fond d’asphalte et de béton, de télé et de console.
Nous apprenons aussi qu’un earthship (qu’est-ce que c’est que ça!? 5 années pour devenir ingénieur spécialisation « génie-civil et constructions durables » et je n’ai jamais entendu parlé de cela…) a été construit ici il y a quelques années et allons donc rencontrer Alex, son propriétaire. Nous apprenons en le rencontrant qu’un nouveau projet démarre dans 10 jours, avec pour but d’y héberger les travailleurs népalais habitant jusqu’à présent dans des conditions assez précaires. L’objectif est de monter le toit en 2 semaines, avec une équipe de 20 volontaires venus du monde entier. Moi et Marty sommes enchantés à l’idée d’y prendre part. Nous serons donc de retour rapidement et pour mon plus grand bonheur, après une rapide visite du touristique Kerala.
avec un peu d’avance je te souhaite un bon anniversaire où que tu sois dans le monde ; Patrick s’associe à moi pour te souhaiter bonne route