Sécurité israélienne vs. Liberté palestinienne.

 

Le temps que j’ai passé en Israël et en Cisjordanie me pousse à penser que sécurité et liberté sont les deux principaux paramètres qui influencent la vie quotidienne et la pensée des citoyens israéliens d’une part et palestiniens d’autre part. La problématique étant que la sécurité israélienne implique – selon les dires de ces derniers – un contrôle de la vie palestinienne et de fait une limitation de leur liberté de mouvement. Pour autant, de la restriction de liberté de qui que soit ne peut naître que haine et violence. La mise en place de la barrière physique séparant Israël et les territoires qu’elle occupe a débutée en 2002, suite à la première Intifada fin 2000 et aux nombreuses attaques terroristes qui  l’a accompagnée… Durant de nombreuses années (et tout spécialement de 2001 à 2004), Israël a connu un nombre incalculable d’attentats dans les transports en communs et lieux publics. L’élévation de la barrière physique et des innombrables check points coïncident avec une très nette diminution de ces attentats.

 

 

Tout d’abord il faut comprendre que tous les israéliens et israéliennes sont passés par l’armée et le formatage qu’elle crée, que chacun d’entre eux connait ou des proches tués dans des affrontements passés ou servant en ce moment dans des zones à risques. Ce  phénomène donne à la pensée collective une sentimentalité, bridant l’atteinte d’une pensée plus « objective » de la situation. Aussi, les israéliens ont toujours évolué dans un climat de peur latente, et même si les attaques terroristes ont largement diminuées ces dernières années, l’automne 2014 nous montre que le risque n’est jamais très loin. Même avant les  récentes attaques à la voiture bélier dans les arrêts de tramways de Jérusalem j’ai pu observer à deux reprises l’attention portée par les civils quant à ces potentielles attaques, et donc la crainte avec laquelle ces derniers vivent. La première fois à Haïfa lorsque je me suis éloigné l’espace de 30 secondes de mon sac à dos laissé dans un arrêt de bus et la seconde fois à Tel-Aviv, dans un bus cette fois, en le laissant poser à 10m de moi entre deux sièges. Dans les 2 cas, les passants ou passagers s’en sont inquiétées immédiatement, et n’ont pas hésité à interpeler en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, leur camarade de trottoir ou de siège. De la même manière, et suite aux attaques automnales, une amie israélienne me faisait part de sa peur de prendre les transports en commun, l’une des attaques (faisant 2 morts) s’étant produite précisément à l’arrêt de tramway qu’elle fréquente chaque jour. Elle me disait que les évènements récents lui faisaient remonter des tristes mémoires et sensations éprouvées fut un temps où les attaques étaient bien plus fréquentes et la tension, et la peur bien plus grandes.

 

Durant mon séjour dans la famille d’une amie à Karmiel et alors que je cherchais à me rendre dans en Cisjordanie par un check  point peu emprunté j’ai réalisé à la fois à quel point cette crainte était présente dans le quotidien israélien et comment la liberté de mouvement des palestiniens de Cisjordanie en était affecté. Après de longues recherches concernant le passage ce check point (et un résultat trouvé uniquement en hébreu sur le site de l’armée israélienne) je me rends compte que les palestiniens qui peuvent se rendre en Israël (principalement pour commerce), ne peuvent en aucun cas passer la frontière à bord de leur véhicule. Etant conscient de la situation économique en Palestine, que l’occupation ne fait rien pour arranger, je suis choqué par la nouvelle et explique mon étonnement à la famille ; c’est alors que la mère de famille – très à gauche et clairement contre la colonisation et l’occupation – me répond, presque les larmes aux yeux que : « Oui, la frontière est fermée ! Et c’est le cas en raison des nombreuses attaques que les civils israéliens ont subi pendant des années et continuent de subir ! » Pour illustrer ses propos elle mentionne alors un évènement de 2008 (il y a donc 6 ans…) durant lequel une vingtaine de jeunes innocents israéliens ont perdu la vie quand une bombe explosa dans une boîte de nuit et me dit que les médias ne parlent pas assez de ces attentats en Europe. C’est triste et regrettable mais je ne peux m’empêcher de penser aux 2000 morts –dont 500 enfants –  en très grande majorité tout aussi civils et tout aussi innocents que ces 20 israéliens, que l’agression contre Gaza a tué cet été…

 

 

Mon expérience en Cisjordanie, les personnes rencontrées, les décryptages de vie quotidienne et la visite guidée de Hebron organisée par « Breaking The Silence » ne m’auront pas aidé à changer d’opinion. Commençons par une rencontre, celle d’Elaya, palestinienne de sang, née en Angleterre, elle grandit en Jordanie, étudie et travaille en Angleterre pendant 7 années avant de décider de venir s’installer en Palestine où elle vit depuis 6 ans et travaille pour les Nations Unies (en tant qu’anglaise). J’aurai la chance de passer une soirée en sa compagnie et celle de son ami. Une soirée durant laquelle nous échangeons des histoires qui nous sont arrivées. Au travers de leurs – très – nombreuses histoires de passage de check points, je réalise combien la présence israélienne en Cisjordanie pèse dans le quotidien de chaque palestinien. Le lendemain matin elle prend la direction de Bethlehem que je  souhaite aussi visiter. Elle m’explique en route combien sa vie s’est trouvée simplifié depuis qu’elle est détentrice d’un badge ONU, et comment, pour le palestinien lambda le déplacement d’une ville à l’autre représente un véritable chemin croix ; des itinéraires allongés (simplifiant les déplacements israéliens dans les territoires occupés) et des attentes encore plus longues à chaque check point rencontré. S’ajoute à cette pression le face à face quotidien pour les frontaliers avec la barrière physique qui se présente sous forme d’un mur de 10 mètres de haut (étrangement similaire au mur de Berlin) dans les lieux les plus sensibles. Quelle réaction peut-on attendre d’une population confinée dans une telle enceinte ?

 

Une autre expérience « intéressante », ou en tout cas enrichissante, celle de la visite de Hebron. C’est l’organisation « Breaking the silence » qui en est à l’initiative, organisation fondée par quelques soldats israéliens ayant servi dans les territoires occupés et qui s’est senti le besoin de parler et  de dénoncer ce dont ils ont été témoins et ce à quoi ils ont participé durant leur service militaire. Breaking the Silence a collecté à l’heure actuelle quelques milliers de témoignages d’anciens soldats. L’histoire de Hebron est particulière, unique et met en perspective les effets de la colonisation sur les colonisé, mais je ne m’y attarde pas ici. Shai, notre guide, nous explique le régime d’Apartheid qui règne dans cette ville, et plus largement dans l’ensemble de la Cisjordanie.

Tout d’abord les colons israéliens et les civils palestiniens ne sont pas soumis aux mêmes lois. Les premiers sont soumis à la loi civile israélienne, les seconds à la loi militaire. Pour un jet de pierre, le colon peut être retenu au maximum 12 heures, le second 2 jours. Dans le cas d’une arrestation le colon attendra maximum 2 jours avant de voir un avocat, le second 75 jours. C’est la loi. Ce sont les lois. De plus les lois sont appliquées de manière plus stricte pour les palestiniens que pour colons israéliens. Mais les soldats sont-ils à blâmer quand l’organisation fait que ces soldats (censés assurer la sécurité autant des palestiniens que des colons) mangent et vivent avec les colons et ont pour commandant le chef de la sécurité de la colonie ? Un non-sens absolu d’un point de vu humaniste, un système bien pensé d’un point de vu colonial.

Shai nous explique aussi les ordres donnés aux soldats. Plus qu’assurer la sécurité dans la ville ou le village dans lequel ils se trouvent, l’idée est de faire sentir la présence de l’armée aux palestiniens. Cette présence se caractérise par des rondes incessantes dans les rues ou par de visites impromptues – le plus souvent au beau milieu de la nuit – dans les logements des occupés. Soit parce que les habitants représentent une potentielle menace, soit parce que le logement est désigné comme stratégique et qu’il en dépend donc de la sécurité de la cité et de ses citoyens. Qu’importe l’objet de la visite nocturne, le but derrière ces agissements est le ressenti de l’occupé vis-à-vis de l’omniprésence israélienne. Autre exemple plus frappant encore. Dans l’ex centre-ville de Hebron – désert aujourd’hui – les check point sont à chaque coin de rue, et ceux-ci sont en place pour des raisons de sécurité, bien entendu. Shai nous explique que pour passer d’un côté à l’autre de l’un des check points stratégiques (devant lequel les petits palestiniens rient avec les soldats) emprunté quotidiennement par les locaux, il existe 2 options. La première, directe, à travers le poste lui-même. La seconde, une demi-heure de marche, aucun contrôle. Quelle est l’utilité de ce check point qui n’empêchera aucunement une attaque terroriste, si ce n’est une fois encore de faire sentir aux palestiniens la présence de l’occupant ? A ce jeu pervers, l’armée israélienne est passée maître. Je ne mentionne ici que ces quelques exemples mais en à peine une semaine en Cisjordanie, j’ai entendu et observé bien d’autres tristes exemples que mes oreilles et mes yeux n’oublieront pas. Et tout ce dont j’ai parlé dans cet article ne relate que la partie « agréable » de la Palestine, la Cisjordanie. La bande de Gaza, s’est une autre histoire.

 

 

Le climat de peur dans lequel ont toujours vécu les israéliens les empêchent très souvent de considérer avec justesse et honnêteté les conséquences de la politique « sécuritaire » de leur gouvernement sur le traitement réservé aux palestiniens. En effet, la quasi-totalité des exactions et des violations des droits de l’homme commise par Israël sont commises pour « raison de sécurité ». Ce climat d’insécurité et cette peur entretenue par les hommes politiques et les médias créent une société israélienne de plus en plus raciste qui ne fait qu’accentuer et accélérer la prolifération de ce climat malsain qui règne dans la région. Dans le même temps, la liberté –de mouvement – des palestiniens diminue de jours en jours, créant là aussi une monté de haine au sein de la communauté. D’un côté comme de l’autre, les personnes qui m’ont semblé les plus averties, les plus concernées et qui osent voir la réalité en face, pensent que le conflit a atteint un niveau qui ne permet plus de retour en arrière ou d’amélioration de la situation.

 

Boris Le Montagner

01/12/2014

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2 réactions à Sécurité israélienne vs. Liberté palestinienne.

  1. Nathan a écrit:

    Boris tu doit savoir que 25% des jeunes israéliens refusent de faire l’armée c beaucoup plus complexe que tu le croit tu as vu beaucoup d’injustice mais tu doit également dénoncer la haine et le racisme et les actes de violence commis par les arabe palestinien’ il y’a de l’injustice en Judée Samarie mais les arabe israéliens vivent très bien et même beaucoup mieux que tout les autres arabes des autres pays arabe la haine ne va engendrer que la haine Boris ton message ne ma rien appris du tout certaines choses dont tu as raison d’autre ou tu as tort il faut dénoncer l’injustice dans les 2 camps et pas seulement parler de cela pck pk tu ne parle pas du nombre d’arabe palestinien qui viennent travailler en israël et qui des qui ont l’occasion de violer une israélienne par pur haine ils n’hésiteront pas a le faire une seul seconde ces gens la méritent la mort je comprend que tu soit en colère en ce qui concerne les check point les points de passage ou les palestiniens tout les jours sont contrôler de tout part et attendre pendant des heures alors qu’ils veulent simplement circuler travailler étudier voir leur proche l’armée israélienne ne leur rend pas la vie facile c vrai mais PK tu dit que la société israelienne devient de plus en plus raciste tu croit qu’en restant quelque semaine ou quelque mois que tu va pouvoir te permettre de juger tout le peuple israélien de raciste ???!!! Pourquoi dans ton article tu ne dénonce pas le problème intérieur des soudanais et érythréen qui sont venue clandestinement en israël depuis 2006 aujourd’hui le mur de la frontière est terminer plus personne ne passe en israël on en a marre de ces gens la énormément de cas de viol. Qui n’est jamais dénoncer par les journaux de ton pays la France pourquoi ? Pck les médias sont financer acheter par le Qatar pourquoi a la TV française n’a t on jamais entendu parler du viol de la même de 84 ans par un africain érythréen de 23 ans qui lui a refiler le sida on encore du soudanais de 23 ans qui a violer une fille de 17 ans pendant quelle dormait chez elle rentrer illégalement chez elle et la liste est longue a dire il était 65000 et aujourd’hui encore 47 000 a expulser ce n’est raciste de se révolter contre eux le peuple en a marre ils prennent le travail des gens y’a déjà le chômage ils arrangent pas les choses le taux d’insécurité augmente a cause de ces gens la donc faut pas traiter les israélien de raciste quand le peuple se révolte contre eux ske dit les média français manifestation raciste contre des africains Boris la querelle juif arabe ne date pas de 1947 elle est bien plus ancienne que sa l’islam est une religion de paix rien avoir avec tout ces groupuscule khawarij sectaire déviant après je comprend leur colère leur détresse mais la haine ne doit pas les inciter a poignarder des civile dans la rue donc que tu dise que 100% des israéliens ont fait l’armée c archi faux 25 voir 30% des jeunes essaye de fuir l’armée sans parler des israéliens qui vivent a l’extérieur d’Israël et qui refusent daller a l’armée dont moi même j’en fait partie de ces gens la après il y’a des extrémiste partout même chez les sioniste exemple en 1994 barouch Goldstein qui tua 29 musulman a la mitraillette a la mosquée d’Ibrahim a hebron puis qui s’est fait lyncher il na eu ce qu’il méritait la mort donc avant de traiter la société israélienne de raciste regarde autour de toi en France ou est le racisme c bien beau de dénoncer le mal dun coter mais il faut voir les 2 coter et être juste équitable nous sommes d’accord a. Ce sujet la je ne tempeche pas de Texprimer librement je donne ma réaction sur ske tu as ecrit

  2. Nathan a écrit:

    Toute dernière chose pourquoi parler que du conflit et pas des autres dégâts qu’il y’a dans le pays les arabe israélien qui sont d’origine palestinienne qui se font passer pour des juifs ou disent clairement qu’ils sont arabe séduisent des jeunes filles pour les séquestrer dans leur village arabe de Galilée les empêcher de partir les amener chez leur parents puis souvent elles se font violer a cause de leur naïveté après tu te demande PK les juifs dun coter et les arabe de l’autre mais faut pas s’étonner y’a pas photo c pourtant clair y’a pleins de chose que tu ignore de cet région et du conflit la haine envers les non musulman ne doit pas non inciter a être des gens injuste le mal il est partout pas que chez certains israéliens mais chez tout le monde chaque pays a ces problème intérieur et extérieur

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