Petites balades en Géorgie

 

C’est deux semaines après mon entrée sur le territoire géorgien que j’arrive à Tbilisi, et plus exactement au Romantik. Malgré l’atmosphère hypnotique y régnant, il arrive parfois à ses occupants de changer d’air, le temps d’une balade ou d’une bière en terrasse. Pour ma part c’est avec Elena, rencontrée à Batumi, que je vais découvrir la ville ; du lac Lissi pour les chaudes après-midi d’août, aux villes environnantes, en passant par la vieille ville, c’est presque quotidiennement que nous nous retrouvons pour un bain, une bière ou une balade. Une semaine déjà est passée quand je me décide –une nouvelle fois – à prendre congé de la ville pour la montagne, et c’est comme une évidence que je propose à Elena de me joindre pour ce petit périple. Elle accepte instantanément et c’est ainsi que deux jours plus tard nous nous retrouvons sur la route de Khasbegi, réputé pour être au pied de la plus haute montagne du Caucase, culminant à plus de 5000m. Les aventures commencent.

 

Nous atteignons très rapidement le monastère d’Ananuri autour duquel s’étend un immense lac du même nom, et après quelques hésitations nous décidons de prendre le temps d’apprécier le lieu et d’y passer la nuit. Ce sera la première nuit de camping d’Elena. Une catastrophe. Après une superbe fin d’après midi, les nuages s’accumulent au dessus de nos têtes et une pluie diluvienne qui durera toute la nuit, s’abat sur nous, transformant ma tente en véritable piscine et venant confirmer les doutes que j’avais quant à l’étanchéité de celle-ci. Après quelques heures de sommeil collectées à l’aide de la chacha, nous émergeons, et – non sans penser à un ami coutumier du fait – décidons de tirer à pile ou face la suite des événements, rentrer ou continuer. La pièce a parlé, nous reprenons la route, trempés de la tête aux pieds. Sans l’ombre d’un espoir que le stop puisse fonctionner en ce jour maudit où la pluie continue son office, nous ne nous donnons même pas la peine de tendre le pouce quand une voiture s’arrête pour nous déposer 50km plus loin, dans un hôtel où nous passerons la journée à sécher nos affaires et à récupérer de cette affreuse nuit. Nous y rencontrerons un couple de géorgiens qui nous propose une nouvelle destination : Shatili. Elena est enthousiaste, elle n’a jamais eu la chance d’atteindre ce lieu reculé auparavant et le matin suivant, nous embarquons à bord du 4×4, direction Shatili, tanpis pour Khasbegi.

 

Quelques notes de musique pour s’immerger dans l’ambiance régionale avec le Rachuli et la Vajoaba nebi.

 

Le village, composé de vieilles tours de pierre accrochées à la colline, me fait une puissante impression dès le premier regard. Nous avons la chance de croiser un guide qui nous en apprend un peu sur l’histoire du lieu et la région. L’organisation si singulière du village est en fait le fruit d’une conception tout à fait étudiée, rendant possible la communication de chacune des tours entre elles, donnant toujours aux villageois une porte de sortie lors des nombreuses attaques des envahisseurs et créant un véritable dédale pour ces derniers (après 3 jours à errer dans le village, je n’ai toujours pas véritablement saisi les enchevêtrements y régnant). Aussi, les hommes – réputés pour être d’excellents guerriers – partant régulièrement « sécuriser » la montagne laissaient les femmes seules avec les enfants au village, c’est ainsi que s’est établie dans cette contrée, une organisation matriarcale. Fait suffisamment rare dans la Caucase pour être mentionnée ici !

 

 

Après 5 heures de route et seulement une demi-heure passée à Shatili, nos amis géorgiens reprennent la route. Nous décidons de rester, submergés par la magie du lieu et passons la nuit à proximité d’une bande de potes, arrivée en même temps que nous, mais à cheval. Nous nous réveillons le lendemain matin au milieu des vaches et des chevaux. Je ne pourrai dire si c’est cela qui lui a donné l’inspiration mais quelques minutes après avoir émergée, Elena lance un « Let’s create something new ! »… C’est ainsi qu’elle va à la rencontre du groupe, leur demander s’il est possible de leur emprunter 2 chevaux. Elle revient 10 minutes plus tard.

– So ?

– It’s ok, we go with them to Tusheti, riding horses.

– Really ? Are you kidding me ? And where is that ?

– … I don’t really know ! But, do you know how to ride horses?

– It guess yes, I did that a couple of times when I was a kid. And you ?

– I did it once !

 

C’est ainsi que nous nous retrouvons 2 heures plus tard et déjà quelques verres de chacha dans le col, à dos de cheval pour ce qui allait devenir l’une des expérience les plus excitantes depuis le début de mon voyage. L’acclimatation à cette ambiance géorgeo-géorgienne passe immanquablement par l’apprentissage de leur cri de ralliement « ara, ara !» (non, non) auquel il est de mon devoir de répondre « rho, rho !» (oui, oui). Ne me demandez pas l’origine de ce cri , ou ce qu’il signifie pour eux, je n’en ai pas l’ombre d’une idée, mais une chose est sûre, ils en sont amoureux et l’use à outrance ! Les premiers instants sont magiques : une dizaine de cavaliers menant un troupeau de 20 chevaux à grand renfort de sifflements, cris et coups de bâtons justement dosés. Nous débutons dans la vallée puis l’escalade commence et je m’aperçois rapidement que ma monture éprouve une relative difficulté lors de la grimpette. La caravane arrive cependant à la passe située à 3400m d’altitude au travers les paysages somptueux, alors que le soleil se couche déjà. Une descente à pied de l’autre côté du col nous mènera jusqu’à un berger, ami de la bande, qui dès notre arrivée sélectionne un agneau et lui tranche la gorge devant nos yeux dubitatifs. Une heure et demi plus tard la bête est dépecée, découpée et cuisinée. Quelle plus belle conclusion après une telle journée ! Le lendemain nous reprenons nos montures, passons les quelques contrôles douaniers – obligatoires en raison de la proximité avec la frontière russe et en particulier tchétchène – et arrivons dans la nuit noire à Dartlo, petit village de la province de Tusheti, marquant la fin de notre époustouflante randonnée équestre.

 

Le lendemain matin, alors que nous nous apprêtons à quitter le village, une personne nous indique que nous sommes attendus un peu plus haut par David, avec qui nous avons fait la route depuis Shatili. C’est parti pour une série de toasts à laquelle nous n’avons pas franchement envie de participer mais polis comme nous sommes, nous nous attelons à la tâche. C’est finalement grâce à ces nouvelles rencontres que nous parviendrons à quitter Tusheti (5 heures de jeep tout de même) et que nous nous ferons offrir une nuit d’hôtel par le chef de la police du Kakheti. Quelques jours plus tard et après un détour arrosé dans le Kakheti pour rendre visite chez Giorgi (autre membre de l’excursion), nous rentrons à Tbilisi nous reposer quelques jours avant d’attaquer Shatiloba, fête de la bière qui prend place… à Shatili !

 

 

30/09/2013

 

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7 réactions à Petites balades en Géorgie

  1. cam a écrit:

    Les photos sont superbes félicitation Bowunderdouble

    • Boris a écrit:

      Merci l’artiste!

      • Sandrine BELLEMAIN a écrit:

        C’est un véritable plaisir de te suivre toi et Helena ….
        J’attends avec impatience la suite de ton voyage.
        Tu nous avais caché tes talents d’écrivain : c’est mieux que n’importe quel roman …
        J’espère que t’en feras un livre.
        Bises.
        A bientôt.

  2. Thomas Mangin a écrit:

    Salut Boris,
    Rho, rho! ton périple est plein de rebondissement et de découvertes simples et à la fois fantastiques.
    Chez nous les gars se battent pour coller les gommettes sur la grande carte du monde du salon pour suivre ton circuit. Du coup les commentaires fusent et les rêves aussi…
    Bon vent et bon chemin vers l’est.
    Thomas.

  3. Ha oui ,tu nous régales ,Boris ,avec des superbes photos ;ça donne envie de partir ,gast !
    Raph

  4. Ha oui Boris,merci pour les superbes photos ;ça donne envie ….
    Raph

  5. Je suis à bruxelles avec ta maman . On etait au senegal ensemble et tunas rencontré annie lorsque tu a fait un stop à lesbos. On etait avec laurent à batumi fin septembre , et je retrouve bien cette ambiance georgienne dans ton recit , où l accueil, boire ,tchatcha et autre spiritueux , les paysages somptueux rendent bien nostalgique. Bonne route

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