Premières impression du sud indien

 

L’Inde. C’est avec un sentiment mêlant impatience et appréhension que j’arrive dans le pays-continent le plus peuplé de la planète. Tellement d’histoires autour de cette Inde éclectique, tolérante, multiple et appelée à devenir une puissance mondiale majeure mais faisant face dans le même temps à une réelle pauvreté et l’ordre établi – bien que n’existant plus officiellement – des castes.

 

C’est par Bombay que j’entame ma découverte de ce nouvel univers. Bien que mentalement préparé, la rencontre de ces intouchables gisant dans les rues et sur le quai de la gare est un choc. Et quand pendant l’attente interminable de mon train pour Goa je tends à l’une de ces femmes somnolant sur un banc de la gare Victoria son châle tombé sur le béton, sa réaction est tout d’abord la surprise, que quelqu’un – et qui plus est un « riche blanc » – daigne se baisser pour l’aider, puis un un torrent de prières à ma destination accompagné d’un large sourire vient éclairer son visage. Dans le même temps des familles et des étudiants attendent leur train dans le calme, rompus tant aux corps jonchant le pavé qu’aux retards inévitables des wagons, sans sourciller à la vue de la scène qui me paraît venue d’un autre monde.

 

Ce n’est que quelques heures que je passerais dans la capitale du Bollywood mais ce sera la seule impression que j’aurai d’une mégalopole indienne pour les premières semaines de ce long séjour. Les 15 premiers jours se dérouleront sur les incroyables plages de la côte Ouest avec une mention spéciale pour Gokarna, qui bien que touristique reste conservée, gardant une ambiance chaleureuse et échappe encore – mais pour combien de temps ? – aux villégiatures léthargiques des riches russes. A quelques encablures de Om beach, mon camp de base pendant une dizaine de jours, se trouve Half moon et Paradise beach où l’on peut trouver quelques groupes de personnes vivant pendant plusieurs semaines – ou mois – d’amour et d’eau fraîche dans les ruines des bâtiments détruits par la police il y a quelques années. De Gokarna, c’est après une dure soirée, un réveil quelque peu matinal et avec une bande internationale de 7 joyeux lurons que nous mouvons vers Hampi.

 

Un nouveau paradis, fait cette fois ci de rizières, de cocotiers, de bloc de roches rougeâtres empilés de manières aléatoire et de beaucoup de touristes. Une cité emplie d’une multitude de temples hindous détruits il y a à peine 500 ans par les envahisseurs musulmans, lui donnant à la nuit tombée un air de Grèce antique. Après un rapide séjour du côté du bazar le temps de profiter du festival de musique et danses traditionnelles hindous qui s’offre à nous sans avoir crier gare, nous traversons la rivière 2 fois pour arriver de l’autre côté de l’île et posons le pied à Hanumanali, petit village pittoresque où vivent tout au plus 150 êtres. Après avoir déjà expérimenté la terrasse d’un café dans le bazar d’Hampi, nous établissons notre camp sur la toit d’une maison, au cœur du village et loin de l’agitation des guesthouses régnant sur l’île. L’univers magique nous entourant nous invitera à explorer les alentours et parfois à rentrer tard, induisant des escalades de la maison, semblerait-il intempestives.

 

L’une de ces escapades mérite d’être comptée. Sur un coup de tête et encouragé par Marty (dont vous entendrez encore parler par la suite) nous décidons de louer des mobs et des partir avec Alex et Ishou à Ambama où se tient un festival de Baba, dans lequel nous sommes absolument les seuls touristes, et situé non pas à 1h comme nous l’imaginions mais à plus de 2h30 de route d’Hampi. Peu après notre départ ous croisons la route d’un jeune lituanien qui décide de nous joindre dans cette aventure. Une heure dans le festival à subir le harcèlement incessant et intempestif des indiens nous suffisent, et le soleil et déjà en train de disparaître. Nous quittons les lieux et sur la route faisons un petit break pour fumer quelques tafs de ganja offerte quelques minutes plus tôt par l’un de ces Babas. 10 minutes plus tard le jeune homme nous accompagnant déraille, il ne peut plus conduire son engin, plus du tout ! Après avoir attendu un peu, et sa capacité à conduire ne revenant pas, nous conduisons sa mob au croisement suivant (à 2 heures de bus d’Hampi!), revenons le chercher, lui et Ishou, et rentrons, dans la nuit noire. Peu importe les excuses, la sentence est donnée, nous sommes délogés de notre toit et c’est sur les rives de la Tungabadhra que nous échouons, revenant à une vie simple, facile et agréable pour nos derniers jours à Hampi.

 

Le groupe a légèrement évolué mais reste tout de même imposant, et c’est avec 5 autres loustiques que nous entamons notre descente vers la pointe sud (qui prendra plus de temps que prévu). Objectif mal défini mais direction sud. Une première étape à Hospet, à quelques kilomètres de Hampi, me donnera déjà à voir un autre visage de ce à quoi peut ressembler une vraie petite ville indienne. Une constante à peu près partout mais plus encore dans les bourgs, la densité de la population est absolument surréelle et ainsi, quand nous arpentons les rues avec nos appareils photos en main, hommes et femmes approchent doucement tandis que les enfants accourent, réclamant une photo – ou 10 – et forment bientôt, tous ensemble, un bouchon dans les petites ruelles surpeuplées.

 

Si je devais résumer mon impression sur sur l’Inde durant ces premières semaines je dirais qu’elle est mitigée. Une constante – même dans cet environnement assez touristique – le manque d’espace personnel et le harcèlement permanent des indiens qui essaient toujours de vous rouler ou de vous attraper pour vous refourguer leur came. Mais j’ai ouïe dire que ce pays nécessitait un temps d’adaptation, la route indienne est encore longue, ouvrons les yeux et les oreilles (mais pas trop le nez, à moins que ça ne soit la clé) et voyons ce qu’elle a offrir.

 

20/01/2014

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